Mystères du vieux Paris Editions Massin - page 6

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Au numéro 68 de la rue François-Miron, l’hôtel de Beauvais a été
récemment restauré et affecté à la cour administrative d’appel de
Paris. Élevé au-dessus des caves gothiques d’une précédente habi-
tation, il a été construit par Antoine Le Pautre, architecte du roi,
pour le compte de Catherine Bellier, baronne de Beauvais. Celle-ci
– que les mauvaises langues surnommaient Cathau la Borgnesse –
était la première femme de chambre d’Anne d’Autriche. Dans ses
Mémoires
, Saint-Simon la décrit comme « plus que galante » ; n’eut-
elle pas le privilège de dépuceler Louis XIV adolescent ? Après sa
mort, en 1689, son hôtel passe de main en main avant d’être loué au
comte Van Eyck, ambassadeur de Bavière en France, qui accueille la
famille Mozart lors de son premier séjour parisien.
L’enfant
découvre Paris
Ce 18 novembre 1763, un peu après trois heures de l’après-midi,
Léopold Mozart arrive à l’hôtel de Beauvais avec sa fille Maria Anna,
âgée de 12 ans, et son fils Wolfgang (prénom auquel on ajoutera
Amadeus bien plus tard), qui fêtera ses 8 ans le 27 janvier suivant.
En raison de leur âge, on les appelle familièrement Nannerl et Wol-
ferl. Partis de chez eux le 9 juillet précédent, ils accomplissent une
longue tournée à travers l’Europe. Léopold, maître de chapelle à
Salzbourg, a obtenu un congé pour faire admirer dans toutes les
cours d’Europe les dons extraordinairement précoces de ses deux
enfants. Pour l’instant, ils viennent de Bruxelles, où ils ont donné un
concert devant le prince Charles-Alexandre de Lorraine.
«Nous sommes arrivés à Paris le 18 novembre,
et descendus à l’hôtel de M. le comte Van Eyck,
ambassadeur de Bavière. Reçus à merveille par le comte
et la comtesse, nous nous sommes établis
dans un petit appartement de leur hôtel. »
Léopold Mozart,
Lettre à M. Hagenauer, à Salzbourg
(8 décembre 1763).
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L’hôtel
de Beauvais
(68, rue François-Miron)
Mozart à la conquête de Paris
4
e
arrondissement
1
1,2,3,4,5 7,8,9,10,11,12,13
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