Maisons d'artistes Editions Massin - page 10

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jean cocteau
[ Milly-la-Forêt ]
« Cette maison qui m’aime »
Cocteau se plaisait à penser que c’était la maison qui l’avait choisi et
non l’inverse. à son sujet, dans
La Difficulté d’Être
, il écrit : « C’est la
maison qui m’attendait. J’en habite le refuge, loin des sonnettes du
Palais-Royal. Elle me donne l’exemple de l’absurde entêtement magni-
fique des végétaux. J’y retrouve les souvenirs de campagnes anciennes
où je rêvais de Paris comme je rêvais plus tard, à Paris, de prendre la
fuite ». Il en fait la découverte et l’acquisition en février 1947, avec Jean
Marais. Ils y emménagent ensemble en novembre de la même année,
mais Cocteau l’habite le plus souvent seul. En 1954, il rachète finale-
ment la part de Jean Marais et en devient l’unique propriétaire.
De cette maison dont il a écrit qu’elle l’aimait, Jean Cocteau voulut faire
une œuvre d’art à son image. Ce talent qu’il avait mis au service de la
conception et, parfois même de la réalisation, de décors de théâtre, il
l’utilisa pour créer un intérieur conforme à ses rêveries poétiques. Son
amie Madeleine Castaing, antiquaire et décoratrice de renommée inter-
nationale, l’y aida. Ainsi est-ce sur ses conseils que Cocteau tapissa les
murs de sa maison à l’aide de tissus posés à l’envers, ou fit l’acquisition
de belles pièces de mobilier ancien. Des tableaux, signés de sa main ou
de celles de quelques-uns de ses amis, ornent cet écrin raffiné, telle la
grande toile de Christian Bérard,
œdipe et le Sphinx jouant aux cartes
,
toujours visible dans le salon. Pour le reste, les meubles et objets qui
peuplent sa maison furent des cadeaux, des découvertes de brocante.
L’ensemble s’amoncelle avec art, formant un cadre empreint de l’esprit
du surréalisme et du cubisme, deux mouvements artistiques auxquels il
n’adhéra pas particulièrement, mais dont il fut le contemporain.
Dans le parc vaste de deux hectares, constitué d’un jardin domestique,
d’un verger et d’un petit bois, Cocteau installa des éléments de décor
provenant de ses films et quelques sculptures, qui renforcent encore le
lien si particulier qui unit ce lieu avec son œuvre.
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Sise à l’orée de la maison, cette sphynge (sphynx à tête de femme) personni-
fiait pour Cocteau les mystères de la création poétique.
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Le vaste jardin planté d’un verger s’ouvre sur le bois de la Garenne, au total
deux hectares de verdure paysagés par Loïc Pianfetti.
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